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L'Amère de Famille

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28 novembre 2016

Le crabe 1 - L'amère 1,5

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Salut Toikimelis, et peut-être Toikitinquiètes parfois...

Je suis toujours là.  Bel et bien là.

L'opération a finalement eu lieu.  On m'a ouverte comme une boite de sardines pour aller y pêcher le crabe.

Je te passerai les détails de l'opération (en même temps, tu te doutes bien que je dormais), les angoisses de mes proches qui ont attendu que l'intervention se termine (elle a duré 12h30).

Le crabe était terré dans la tête de mon pancréas.  Le magnifique chirurgien l'a eu.  Ce traître avait commencé à déposer ses bouts de pinces sur mes vaisseaux.  Alors on va "Karchériser" tout ça avec de la chimio.

Combien de temps, à quelle fréquence ?  Je n'en sais encore rien.  On verra dans quelques jours.

Je vis au jour le jour.  

Je savoure plus que jamais l'instant présent.

En juin on m'avait dit que j'allais crever dans les deux ou trois mois.

Nous sommes fin novembre.

Je suis sur mes deux jambes.  Rafistolée de l'intérieur, remplie de cicatrices.

Alors bien sûr c'est lourd.  Le pire c'est reflux.  Surtout pour l'émétophobe que je suis.

J'ai peu voire pas de douleurs.  En tous cas elles me sont supportables.

Alors c'est lourd mais ce n'est rien comparé à la légèreté que je ressens à être V I V A N T E.

 

Au delà du bulletin de santé ci-dessus, je voulais surtout te dire que je mesure et ô combien la chance que j'ai d'être en vie.  De me plonger dans le bleu océan des yeux de ma fille.  D'écouter la musique de mon fils.  De voir la neige prendre possession des cheveux de maman.  De fêter l'anniversaire de mes frères.  De me réjouir d'avoir des amis en or.  Et des les aimer plus que jamais.

 

Je n'ai  changé d'avis sur rien... il y a toujours des phrases qu'il vaut mieux éviter de me dire comme "bats toi", "Courage", "t'as pas le droit de flancher" ou "rien ne t'est épargné"

La mort m'a été épargnée.  

Si j'ai le droit de flancher quand j'en peux plus.  Du courage j'en ai à revendre et me battre, je ne fais que ça.

Mais dites moi à quel point vous m'aimez, dites moi "je suis là si tu as besoin de moi", dites moi "on va boire un verre quand ?" dites moi " je t'admire" (oui, en toute sincérité, ça fait du bien quand justement "on se bat en silence"), dites moi " ça te va bien tes 20 kg de moins", dites moi " t'as bonne mine" mais juste si c'est vrai.

Chaque soir avant de m'endormir je souris et suis reconnaissante.

Même si mon combat n'est pas fini, j'estime qu'humainement je l'ai gagné.

 

 

 

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7 juillet 2016

Je ne suis plus comme vous

J'ai un cancer qui vit en moi.

Je ne suis plus comme vous.  Je ne pense plus comme vous.  Je ne fonctionne plus comme vous.  Je n'ai pas le même temps que vous.  Mes heures sont plus intenses, plus courtes, plus remplies et parfois bien plus vides.

Ne me demandez rien.  Ne me demandez pas de réagir comme vous voulez que je réagisse.

Je prends les armes qui me conviennent, pas toujours celles que vous me proposez.

Je ne suis pas quelqu'un de défaitiste et de négatif. C'est vous qui avez peur de ça... C'est vous qui projetez vos peurs sur moi. J'ai les miennes, merci de garder les vôtres pour vous.

Je ne vous agresse pas en vous disant ça.  Pas plus que vous ne vous rendez compte que vous m'agressez à vouloir que je, à me dire qu'il faut que je, que je dois, que je n'ai pas le droit de, que je dois faire en sorte que...

Je sais tout ça. Je sais que vous voulez que je guérisse.  Que vous êtes là pour moi.  Je sais que vous êtes tristes.  Que vous avez peur.  Que vous voudriez m'aider mais vous n'êtes pas magiciens.

Je fais avec ce que j'ai en moi : mon humour, ma causticité, ma sensiblité, mon vécu, mon honnêteté, ma sincérité, mes qualités et tous mes défauts aussi.

C'est moi qui l'ai ce cancer, en moi.  C'est à moi qu'il s'attaque et c'est à moi de faire le choix de lui parler, de négocier. C'est à moi et à moi seule que reviennent le droit et le choix des mots.

Je ne suis plus comme vous et j'en suis désolée.

Vous voyez le panneau "guérison" au bout d'une route toute droite.

Je le vois parfois car moi j'escalade une montagne.  Il apparait et disparait au gré des creux que je traverse ou des montées que j'effectue.

Moi je me couche en pleurant, en me demandant si j'aurais le temps encore. 

Et lorsque je me lève, le CANCER, ce mot que vous n'aimez pas et que vous voulez que j'appelle autrement... il est là, en moi.  Il vit en moi, il fait partie de moi, il prend la place de plein d'autres choses et tous les jours, je dis bien TOUS LES JOURS que Dieu fait, je l'empêche de prendre, justement toute cette place.  Alors je mets de l'humour.  De la gaieté.  De l'auto dérision et quand je peux, quand vraiment je peux, et croyez moi, c'est souvent....de l'espoir.  Quand je me rebooste, quand je pare mon armure d'invincibilité, c'est de ça qu'elle est faite... NON je ne suis pas défaitiste.  Vous croyez vraiment que j'ai envie de laisser mes enfants ??????

Imaginez vous un instant, un seu instant, vous lever chaque matin avec en vous cette chose qui vous menace. Chaque seconde. Chaque battement de coeur.  Comme si vous portiez un sac à dos rempli de pierres lourdes et que vous ne pouvez pas déposer.  Imaginez un deuxième sac à dos, mais dans votre coeur.  Et un troisième dans votre tete.

Essayez de vivre ça quelques minutes, quelques heures, une journée entière si vous y arrivez.

Vous comprendrez peut etre ce que j'essaye de vous faire entendre.  Ce que je vis au quotidien.

Vos armes ne sont pas les miennes, vos peurs non plus.

Les miennes sont l'humour, la légèreté, le second degré, les demandes qui vous semblent anodines comme de lever votre verre à ma santé.... ma  s.a.n.t.é  Geste anodin car maintes fois répété.

Mais qui devient un symbole d'alliance et de soutien quand on a ces putains de sacs à dos.

Je vous aime toujours autant, mais je ne pense plus, ne vis plus et ne suis plus comme vous.  

 

 

29 juin 2016

La pendule au salon, qui dit oui... qui dit non, ... qui dit... je vous attends.

pendule

 

 

C'est une histoire qui commence un lendemain de fiesta mais pas trop.

Une fête un peu arrosée, une soirée courte, calme, un bon barbecue.  Deux bières et deux Vodka Fraise. Rien d'excessif.

POurtant le lendemain, je me sens mal, très mal.  Comme si j'avais bu trois casiers de bières et dix litres de vodka.  J'ai la nausée, je suis épuisée, j'ai mal à l'estomac.

Nous sommes le 19 mai.  C'est le week end de Pentecôte. Mon médecin ne bosse pas.  Je le vois le 20 mai.  Il m'envoie faire une prise de sang sur le champ.

Au vu du résultat, il me prend un rendez vous d'urgence chez " le meilleur des meilleurs des hépatalogues, le Dr Machin"le 26 mai. Entretemps ma copine qui bosse à l'hôpital m'a pris un autre rendez vous d'urgence pour une échographie abdominale, le 24 mai.

Le Dr Machin me reçoit.

Il n'a pas deux mais moins mille de tension et ça, déjà, je n'aime pas.  J'ai l'impression de ne pas être visible à ses yeux... A part jeter un oeil sur ses papiers, regarder son écran, être pendu au téléphone et noter des choses qu'on lui communique par téléphone, le tout ponctué par des " oui, c'est ça" ou "oui ... bien sûr"... tout ça sans UN SEUL regard vers moi.

Il raccroche et ne me dit RIEN.

Mon stress au max, je tente de rester calme en demandant " Alors, qu'est ce qu'ils ont vu ?"

- " Difficile à dire....."

- " Pourquoi ?"

- "..faire d'autres examens...."

- "Donc en l'état actuel, vous ne savez pas ce que j'ai, j'ai bien compris ?"

- "oui, c'est ça"

Impatience niveau 3000 sur une échelle de 10.

Envie de le secouer, de lui tirer les deux cheveux qu'il lui reste, de casser ses lunettes mais je demande juste

- " Bon ok, donc il n'y a pas de lésion ?"

-"Oui c'est ça"

- "je ne dois pas être hospitalisée ?"

-"oui c'est ça"

Il continue de remplir ses putains de papier et me dit

- " Il va falloir vous faire hospitaliser"

Mon sang ne fait qu'un tour (mais genre à 85.000 tours minute)

- "Attendez... vous finissez de me dire que je ne dois pas être hopsitalisée"

-" Oui c'est ça "

et là je pète une case

- " COMMENT OUI C 'EST CA ???? Je ne comprends rien à ce que vous me dites !!!!"

et là, cerise sur le champ opératoire, praline dans le gant de chirurgien il me sort

- " Cela n'a aucune importance.  Tant que moi je comprends".

Je me suis levée d'un coup.  Je l'ai regardé droit dans  les yeux.  Et lui ai craché  " SI  C EST IMPORTANT. ON PARLE DE MA SANTE. DE MA VIE. PAS DE VOUS !!!!"

Et je suis partie en jurant que je ne mettrai plus un pied chez ce connard suffisant.

Mon médecin traitant, perdu (comme souvent dans des cas urgents) ne me comprend pas et tente d'insisiter pour que je continue avec lui, arguant que c'est LE spécialiste de la région, de la wallonie, de la Belgique... du monde aussi ?

Je lui dis que je m'en fous.  Que je ne veux plus le voir et qu'il me fasse tout de suite une demande d'hospitalisation, afin que tous les examens soient faits rapidement.

Il me la fait et me la tend. Nous sommes le 27 mai.

" Vous ne téléphonez pas pour me faire admettre ?"

" Non, vous pouvez y aller maintenant"

Sauf que ça ne va pas comme ça.  Sauf qu'HEUREUSEMENT pour moi,  j'ai une copine infirmière dans ledit hôpital qui va m'y faire entrer.  Pourquoi a-t-il agi comme ça ?  Je dois encore lui demander, car je ne l'ai plus revu depuis.

Batteries d'examens, prises de sang.  Soldat docile, je fais tout ce qu'on me dit.  J'ai la chance que la Gastro Entéro soit une personne humaine, compétente et à l'écoute.  

Au moment de quitter l'hôpital, elle me demande d'attendre....

Elle trouve que le rendez vous fixé est trop lointain.  Elle me "prescrit" une irm et on se revoit deux jours après "j'aurai les résultats"

Sauf que deux jours après le mec qui fait les irm est en congé et a verrouillé les résultats. Elle me téléphone, embarassée, et me fixe un rendez vous le lendemain à plusieurs kms de chez moi...

C'est ce jour là, le vendredi 17 mai que je l'entends m'annoncer qu'il y a peu, très peu de chance pour que cela ne soit pas un cancer du pancréas.

Je vacille un peu.  Je reçois ça comme un coup de poing dans la mâchoire de mon âme. Je chancelle.  Je me reprends.  J'ai peut-être mal compris.  Mon regard pose la bonne question apparemment, car elle me répète... " Je suis désolée... mais il y a peu de chance pour que cela ne soit pas un cancer"

Je pense à mes enfants, à ma fille.  A son papa mort d'un cancer il y a un peu plus de 4 ans.  Elle avait à peine 11 ans.  Elle n'en a pas encore 16.  Mon cerveau de guerrière se met en route... et pose des questions précises " Guérissable ? Comment ? quand ? "

Elle me demande de repasser une endo-échographie pour confirmer la tumeur.  Elle m'explique qu'il subsite un doute.  Qu'on ne peut pas attaquer un kyste avec de la chimio ou à contrario une tumeur avec " de l'aspirine".

Je comprends.  Elle m'a pris un rendez vous d'urgence.  Le soldat qui est en moi se redresse et dit qu'il fera tout ce qu'il faut pour se soigner, guérir et vivre.

Je sors de consultation un peu sonnée, je pleure un peu je crois, je ne m'en souviens pas.  J'ai peur.  Mais en même temps j'ai confiance en moi, et en mes capacités d'affronter.  Heureusement, je ne suis pas seule.  MeilleurAmidemoi est là.  Il trouve les mots, les bons, pas ceux que je ne veux pas entendre.

Nous sommes donc le 17 mai.

Je repasse un examen (le même qu'il y a deux semaines) le 22 juin

On vient me chercher, on me parque dans un couloir, on m'amène en salle d'op.  PERSONNE ne m'adresse la parole.  Ils sont trop occupés à féliciter une jolie blonde (médecin ? chirurgien ? anesthésite ? va savoir, elle non plus ne s'est pas présentée...)  J'entends quelqu'un dire " Bonjour Docteur Truc" (celui qui va me faire la ponction)...

Exaspérée de toute cette indifférence, mais avec l'oxygène dans le pif et un morceau de plastique genre SM en bouche, je veux leur faire savoir que je suis un être humain, avec des sentiments et tout ça et donc j'émets un borborygme qui en fait veut dire "Eh oh, je suis là, vous pouvez juste un peu prendre ça en considération ?"

J'entends la blondasse rire en disant " Trop taaaaaaaaaaaaaaaard"

Et me réveille une heure plus tard.

Nous passerons sur le fait qu'ils m'avaient oubliée pendant une heure en salle de réveil et que MeilleurAmideMoi se faisait "un peu" de mouron en m'attendant (on avait dit "ça dure une heure" - je suis partie plus de deux heures)

Bref, j'attendais les résultats définitifs, le verdict, ce lundi 27 juin.

Nous sommes le 29.

Je n'ai AUCUNE NOUVELLE.

Tous ces jours, quand on vous soupçonne un cancer, semblent une éternité.  L'impression de passer à côté de jours précieux où on pourrait se soigner.  Avoir des projets.  Planifier des choses. Et surtout rassurer ses proches.  Savoir c'est quand même important non ?

Mais non, c'est comme la pendule au salon qui dit "oui.. tu as un cancer", "non.... tu n'as pas de cancer" et puis qui vous attend.  Comme cette nuit, pour compter les minutes d'insomnie.

Je ne sais pas ce qui ne fonctionne pas dans leur système de communication... mais visiblement, il y a de gros soucis à beaucoup de niveaux et de gros travaux à entamer pour rendre la route plus droite.

Je n'espère même plus avoir des nouvelles par téléphone demain.... mais je sais que je suis en train de bouillir à l'intérieur et que ce n'est bon pour personne.  Surtout pas pour moi.

 PS : les mots queje ne veux pas entendre, lire sont " bats toi" "t'es une battante" "je connais quelqu'un qui a guéri" "je connais quelqu'un qui en est mort" " ma tante Alberte a eu ça et elle va bien " 

Je me bats.  Je suis une battante;  Moi aussi je connais des gens qui en guérissent et qui en meurent.  Je n'ai pas besoin qu'on me dise ça. Je le sais.

J'ai besoin de considération, d'humanité, et bienveillance et de non violence.

Le cancer, c'est déjà fort violent.

Et aussi, ne pas savoir c'est violent pour le moral.

 

 

 

4 juin 2016

Claudine, ma chérie....

" Claudine, ma chérie... viens un peu m'aider s'il te plaît"

Cette phrase, je l'entends pour la 15ème fois. Je n' m'appelle pas Claudine. Je suis sur mon lit d'hôpital.  A côté de moi, c'est madame Le Grain (ça ne s'invente pas)  ... Elle me prend tantôt pour sa fille (qu'elle n'a jamais eue), tantôt pour sa maman, et quelques fois, le plus souvent, pour la dame qui s'occupe d'elle dans sa maison de repos, ou peut-être aussi quelqu'un qui n'a jamais existé... Claudine.   Pour elle, je suis Claudine.

" Je veux bien vous aider, mais ça dépend pour quoi ..."

 

claudine

Il faut savoir que Madame Le Grain  est une fugueuse".  Arrivée à l'hôpital pour un examen, elle a réussi à s'enfuir, à prendre deux bus, et à se retrouver à son ancien domicile, qu'elle a quitté il y a six ans... Son fils et sa belle fille ont remué toute la province, et à une heure de l'appel de la police pour disparition inquiétante, son fils l'a retrouvée, sur la place où elle a habité durant de longues années...

"Claudine, ma chérie... viens un peu m'aider s'il te plaît"

"Dites moi..."

"J'ai tellement soif..."

Je lui verse un verre d'eau, un deuxième... 

"Oh merci Claudine, j'avais tellement soif.  Voilà, maintenant, tu peux me reconduire"

" Je ne peux pas madame"

"Mais pourquoi Claudine ?"

Je n'ai pas envie de lui dire que je ne m'appelle pas Claudine, qu'on ne se connaît pas, mais je sais aussi qu'elle va m'insulter si je lui refuse pour la enième fois "de la reconduire"....

"On va attendre Thierry"

Thierry, c'est son fils.  Il vient la voir, il s'énerve, il a de la peine, il se sent dépassé, démuni et impuissant, il aime sa mère et ça se voit.  Thierry, c'est moi il y a 4 ans.  Devant mon père atteint de la même maladie.  Qui dit n'importe quoi. Qui a peur des allemands.  Qui a des hallucinations.  

Son visage s'illumine.  Son fils, son Thierry, il va arriver...   Celui qu'elle appelle la nuit... en disant " Thierry, viens un peu m'aider...." parce qu'elle est attachée, sinon, c'est l'enfer...elle se lève, chute, ... Dangereuse pour elle, pour nous, pour les infirmières.  

Trois longues heures, je vais tenter de la rassurer, de lui parler doucement, mais rien n'y fait.  Dès que la nuit tombe, l'angoisse est là, oppressante.

Elle voit le rideau prendre feu et crie.  Elle prend les petites lampes témoins des compresseurs de lit pour des bougies et a peur qu'on ne brûle... elle dit que le bébé va mourir, qu'il faut le sauver.... "Claudine, j'ai peur, fais quelque chose..."

Inlassablement, je lui dis qu'on ne risque rien, que tout est sous contrôle, je lui parle de Maryse qui viendra la voir demain.  Maryse est sa belle fille... elle l'adore.  Elle se calme.  Et puis tente de nouveau de se lever... Comme je lui demande de se recoucher, elle arrache le moniteur et tente de me le lancer à la figure, mais il retombe sur sa jambe.. Je sonne...

Un infirimer vient, calme, apaisant, il lui parle gentiment, doucement.... il la remet au lit, elle lui répond gentiment, elle est docile... Quelques minutes...

"Claudine, ma chérie.. tu dors ?"

Il est minuit.  Non je ne dors pas, mais je vais faire comme si...

"Claudine ? Claudine ? ...  Thierry ?  viens un peu hein... réponds moi hein.... Maryse...elle est où Claudine ?"

J'attends... quelques minutes... elle a du s'endormir.  Je me lève pour aller aux toilettes.  Je dois contourner son lit... Et là je me rends compte qu'elle a passé la tête et les mains sous la grenouillère qui la maintient "en sécurité", en tous cas attachée à son lit.

" Madame, donnez moi la main.... on va vous libérer...."

Une main passe, je l'attrape, la deuxième, la tête.... je vais aux toilettes... je reviens.. elle est de nouveau "sous tout".... On recommence " Madame, donnez moi la main.... l'autre main.... on va libérer la tête"....

Quelques minutes plus tard, de nouveau même chose... J'appelle l'infirmère.. après tout, c'est leur boulot plus que le mien (mon fils dirait encore que je ne peux m'empêcher de vouloir tout gérer) .... Elle viendra 12  minutes plus tard... Tant qu'elle me parlait, je savais qu'elle ne manquait pas d'air. Je voulais que l'infirmière voit que je ne mentais pas quand je lui avais dit "elle a réussi à se détacher"...

Le lendemain, elle est plus calme.  Je passe ma journée à lui parler doucement, à lui sourire.  A lui passer des revues qu'elle ne sait plus lire.  A la rassurer sur la venue de Thierry... On plaisante.  C'est absurde mais je la vois heureuse.  Elle me dira même '" je suis si contente d'avoir fait ta connaissance Claudine"...

Quelques heures avant, un jeune assistant médecin était passé pour dire à Mme Le Grain qu'on allait lui tester un nouveau traitement.  Autant parler à un rideau de douche, un réveil, un tronc d'arbre ou une salade vinaigrette.  Comment veux tu qu'elle comprenne ?

Peut etre que s'il était passé dix minutes plus tôt il aurait pu le dire à son fils...

 Nous passons une journée calme, la soirée l'est presqu'aussi.  Encore quelques exercices d'acrobatie sous la grenouillère... L'infirmière finira par lui attacher les mains.

Je sais qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire pour la protéger d'elle même.  J'ai vu mon père poignets et chevilles attachés.  Je l'ai vu hurler, pleurer, parce qu'il ne pouvait pas rentrer chez lui, et la seconde d'après sourire aux infirmières et leur parler des fleurs qu'il n'a jamais plantées dans son jardin.

Demain, Mme Le Grain fera une crise de nerfs.  Elle ne voudra pas retourner au lit.  Les infirmières vont pourtant l'y remettre.  Dans les cris.  Elle me regarde et me hurle " Pourquoi les laisses-tu me faire ça ? Pourquoi ?"

Honteusement je lui tourne le dos, je regarde l'horizon au loin, et je pleure en silence.

Je pense à mon père, mais pas seulement.

 

Je me dis que cette dame, qui a l'air d'avoir de l'élégance et de la classe, qui vient d'une maison de repos "huppée" et qui crache "putain de bordel de merde" aux infirmières est en souffrance... Se retrouver "hors de ses repères" , avec des inconnus, des hallucinations...

La dame, toute douce, toute gentille, du lit en face du mien me dit doucement " Ne pleurez pas madame, pensez à vous d'abord... vous êtes là aussi pour vous soigner".

Et c'est là que j'ai réalisé qu'à force de me tracasser, de m'inquiéter, de me faire du mauvais sang, de la bile pour les autres.. mon foie avait décidé de me mettre en garde... " Vous êtes là aussi pour vous soigner"....

Madame Le Grain a fini par rentrer dans sa maison de repos... J'espère qu'elle y retrouvera ses fantômes.

Que je puisse m'occuper des miens.

 

 

 

 

 

 

23 février 2016

Je n'suis pas mort, je dors comme disait l'autre.

Imagine une fille, un peu vieille, un peu grosse, assise devant son ordi, qui serre les dents, et qui pleure un peu mais pas trop longtemps, parce que dans le fond, elle sait que ça ne changera rien à sa vie.

Alors elle arrête, elle vient ici pour te parler... et ...Elle pourrait te dire quoi ? Par exemple ceci...
Clap. Moteur.


"J'avais juste besoin d'un break. Et cela prend des proportions qui me dépassent... Mails, sms... tout le monde s'inquiète... comme si la vie c'était FB, comme si la vie ne pouvait plus se concevoir que via ce réseau assholsocial.


Je vais. Bien serait mentir. Mal serait mentir aussi.

 

me de ly


J'ai juste besoin de ne plus perdre du temps ... de ne plus contempler un fil d'actualités rempli de haine, d'images violentes. J'ai juste besoin de ne plus parler pour ne rien dire. De ne voir personne.... j'ai juste besoin de me replier dans ma caverne. De me reposer. Et de revenir plus tard, quand j'irai bien sans mentir en le disant.


Un ami m'a fait remarquer que si j'étais partie de FB sans rien dire, les gens ne se seraient même pas rendus compte... Et il a sans doute raison.
Je l'ai annoncé pour ne pas que l'on "s'inquiète" inutilement (mais qu'est ce qu'elle croit celle là, qu'elle est le centre de l'univers ou quoi ?)


C'est pas non plus la première fois que je ferme mon compte pour quelque temps...


Je devrais dire que c'est gentil que les gens s'inquiètent pour moi. Mais ces gens ... pour la plupart, ne me connaissent pas...

Ils ne connaissent de moi que la façade.


Ils ne savent rien des guerres perdues d'avance que j'ai menées. Des larmes que j'ai refoulées trop longtemps, et qui, sans doute, me poussent à ces replis, ces va-et-vient entre les éclats de rire tonitruants et les moment de silence monacaux.


Je suis loin d'avoir eu une vie de merde. Très loin même. Ce n'est pas pour autant qu'elle sent le Chanel n° 5.


Sauf que là, je me suis posée un peu pour regarder ce qui m'attend, et j'ai pas spécialement envie d'en rire. Même s'il n'y a rien de grave. Même si c'est prévu, écrit... de longue date.


Je suis juste fatiguée de porter ces fardeaux et c'est normal, puisque je fais comme s'ils n'étaient pas accrochés à mes épaules depuis très (trop) longtemps, et pour encore quelques années.


Certains disent que l'on choisit sa vie avant de la vivre. Et qu'on a des choses à apprendre de nos épreuves. Ils ne doivent pas se sentir aussi seuls que moi alors.


Non je n'irai pas chez le psy, non je ne prendrai pas d'anti dépresseurs, non je ne me noierai pas dans l'alcool... Je n'en suis pas là.
Ca passera. Ca passe toujours (et j'entends les premiers de classe, le nez dans leur bouquin de psycho dire que "ça passera ou ça cassera") Mais non, ça ne cassera pas.


Je ne m'en accorderai jamais le droit. J'ai un regard sur moi sans concession. Avec peu d'empathie, et de bienveillance et oui, je sais c'est un de mes problèmes récurrents... Je ne m'aime pas des masses.

Et je parle peu, finalement, très peu des mes états d'âme quand je vais mal... pourquoi ?

ça sert à quoi ?

Toutes ces questions sans réponses... tiens, par exemple, depuis quelques jours je me demande pourquoi je me gave de séries (Orange is the New black, trois saisons en trois jours ) et de nourriture dég.

Je veux m'amocher encore plus ? Je veux qu'on me voit ? Je ne veux plus devoir me montrer ? je veux que les gens détournent le regard ? Et puis aussi...


Je me demande pourquoi les gens ne m'appellent ou ne se souviennent de moi que quand ils ont une question... un souci... besoin de mes "conseils" ? Fuck.


Et je n'ai plus envie d'écouter ou de faire semblant d'écouter les gens qui ramènent tout à eux, qui pensent que la terre va s'arrêter le jour où ils s'en iront. Ma planète à moi ne tourne plus rond depuis longtemps.... la leur semble en orbite autour de la mienne.

Bref, j'ai plus envie de répondre au téléphone, aux messages s'ils n'ont pas un minimum de cette bienveillance que je ne m'accorde pas.


Je me demande pourquoi j'écris encore ici. Ce blog était un blog léger, drôle. C'est comme ça que je le voulais. C'est le voile que je mettais sur ma vraie vie qui de l'intérieur, n'avait, n'a et n'aura rien d'hilarant .... ma force à moi, c'est le rire.

Celui que je donne, celui qu'on me donne... mais là... y a pas de place pour l'instant.
Life sometimes sucks
I am done."
Clap de fin.

Voilà ce qu'elle aurait pu dire la fille un peu vieille, un peu grosse derrière son clavier.

 

 

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20 janvier 2016

Et j'attends.

Je me rends ce matin dans ce qu'ils appellent une antenne (de la fameuse insititution dont je tairai le nom, qui contrôle accompagne, aide, et engue... accueille les spcdc * que nous sommes.

En tant que spcdc depuis 4 ans, j'ai droit à un passeport Blablabla qui va donner à un potentiel téméraire employeur la possiblilité de fortement réduire ses charges patronales pendant de longs très longs mois, s'il a la bonté de m'engager.

Je me rends donc à l'antenne ce matin il est 8h15.  Ah zut, les portes ouvrent à 8h30.  Une employée arrive à 8h28, ouvre la porte, et nous la referme au nez.  Dois je te dire de mettre le nez dehors pour voir qu'il fait - 5° ? Non hein? Me semblait bien? Et j'attends.

8h30 les portes s'ouvrent....

Deux employées sont en train d'essayer des fringues de seconde main.... ok, c'est cool, z'ont l'air de bien s'entendre entre collègues...
Et j'attends.

La préposée à l'accueil est prête à accueillir ma demande, à savoir un formulaire qu'elle va envoyer (dans ma tête par mail, dans la sienne pas du tout) à la maison merde (oh ? j'ai pas dit merde ? si ? pardon)  à la maison mère donc... Ce qui va prendre un jour.

 Le temps qu'ils traitent la demande et m'envoient le fameux passeport, cela va prendre (...elle regarde vers la droite ce qui en langage non verbal voudrait dire qu'elle fabule, non ? ) .. au moins ...AU MOINS répte-t-elle des fois que mes oreilles de vieille spcdc n'auraient pas été car washées ce matin, .. une semaine.

Et tu sais quoi ? Je reste zen.  Je lui dis.. Ok, si je vais directement à la maison mère, je l'ai directement non ?

- Oui.  C'est mieux hein ?
- Oui c'est mieux hein.

Me voici donc dans les embouteillages pour me rendre à la maison mère.  Je te passe ces détails sans importance qui me font perdre 35 minutes, mais je suis une spcdc, j'ai que ça à faire, j'ai le temps.

J'arrive ...  A l'acceuil, les deux cerbères increvables (j'ai l'impression qu'ils sont là, derrière leur pupitre, depuis la création du monde).

Le cerbère sans moustache (enfin presque) est au téléphone " Oui hein, faut aller rechercher la petite à 17 H...."
Et j'attends.  " Et puis, il faut passer au Delhaize pour aller acheter du café sinon tu n'en auras plus pour demain matin hein chou"

Elle me regarde... Et j'attends  " Oh dis, au fait, merci sais tu pour la potée.  Je la mangerai ce midi"....Et j'attends.  " Oui hein j'ai un micro ondes, oh ben sinon je pourrais la manger froide" Et j'attends.... "Bon te laisse, j'ai du travail" (t'en as de la chance)

Elle me guide donc au millième étage et j'attends patiemment mon tour... Ils sont 10 dans le bureau, nous sommes 4 dans la file d'attente.  

"T'as vu les photos de vacances de Gérard ?  Il s'emmerde pas lui... Il a fait une croisière dans les caraïbes, dis !" la spcdc que je suis est en train, malheureuse toi, de calculer qu'une telle croisière coûte au bas mot 6 mois de son revenu de remplacement de salaire. Et j'attends.

Et puis on entend " Les deux personnes suivaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaantttttt" "

Et j'attends. Mon tour.

 

2

Je lance un grand bonjour agrémenté d'un grand sourire (si je te jure que c'est vrai), elle me demande ma carte d'identité que bien sûr je ne trouve pas, mais elle me dit si vous connaissez votre numéro national c'est bon, je lui donne et ajoute même mon numéro de spcdc mais elle reste insensible à mon numéro de chien savant.

Elle m'imprime mon document, me fait signer un autre...Et j'attends.

Une explication... qui ne vient pas.

Alors je la lui demande... Et j'attends... Elle me regarde comme si j'étais E.T. avec des cheveux blancs et des lunettes.

"Le nombre de points se trouve où ?" lui dis-je donc, aimable mais sans le sourire que je viens de perdre.

"Ben là".  Elle a accompagné cela d'un geste vague (c'est une feuille A4, chérie, y a de la marge et plein de chiffres différents) 

Je redemande et j'ajoute "oui mais excusez moi, je ne comprends pas bien comment l'employeur va savoir le nombre de points ...."

"Z'ont l'habitude"

Et j'attends.. Et j'ajoute :

"Oui, ok, je vous crois, mais moi, si on me le demande par téléphone... je ne sais pas quoi répondre.. D'où ma question encore une fois... j'ai combien de points ?"

"Ils sont calculés en fonction de votre niveau d'études (et là coup d'oeil sur ma feuille, moue de mépris) et aussi du nombre d'années de chômage (là elle met la main à hauteur de son front) et là, vous êtes au maximum...."

J'ai envie de pleurer/déchirer mon passeport/lui faire bouffer/la gifler/lui enfoncer mes poings dans la bouche en lui demandant si elle sait me dire où sont mes poings..

Mais non.  Je ne suis pas violente.  J'ai juste dit "ok merci au revoir" parce que (et là maman, des fois, je te jure que c'est lourd à porter) je suis et reste quelqu'un de bien élevé (ok, jusqu'à un certain point)

Je reprends l'ascenceur, je redescends... et c'est au tour de l'autre cerbère de nous faire part de sa vie privée " oui hein j'ai été couper au bois tout le week end, ouf ti, j'avais mal MON dos après  ( ... ) Non hein  pas ce week end ci, faisait trop froid, l'autttt....(...) 

Devant lui, deux personnes...et elles attendent.

 

 

*sale(s) petit(e)s con(ne)s de chômeur(se)s -  copyright Facebook

 

 

 

19 janvier 2016

Le temps, ce salaud

12 ans... Cela fait 12 ans cette année que ce blog a vu le jour.

3 mois, cela fait quasi 3 mois que je n'y ai rien posté

1 semaine, cela fait une semaine que je me dis que je devrais poster un peu plus cette année, que je dois prendre le temps.

2 mois, cela fait 2 mois que nous avons joué notre spectacle "Plus jamais ça ! " probablement une des mes plus grandes fiertés de metteure en scène amateure (je mets des e si je veux, et souviens toi, je suis une addictadepte des parenthèses à tout va)

9 minutes, cela fait 9 minutes que j'ai mis cuire mon velouté de chou fleur et ça sent déjà le pet dans toute la baraque (la honte, le voisin va venir me ramener ma voiture qu'il a gentiment réparée)

5 ans, cela fait 5 ans, en parlant de ça, que j'ai ma JKamobile bleue pétant. Il est temps d'envisager d'en changer mais...

4 ans cela fait 4 ans et exactement 3 mois que je suis au chômage.

51 ans, cela fait 51 ans et quelques que je suis sur cette terre, avec pour mission de... bah écoute, je n'en sais toujours rien.

14h43, c'est l'heure qu'il est actuellement et j'ai décidé que mes petites anecdotes, c'est ici, dorénavant que je les posterai.

 

D'ailleurs, tiens, dans quelques minutes, heures ou jours je te raconterai le temps que ça prend pour envoyer un cv sur le net.  OU alors le montage du spectacle.  Ou il se sera passé un truc tellement trop bien qu'il faudra que je te le raconte.

 

Bref, Toikimelis, même si le temps passe...

 

..taon

Merci de ta fidélité.

 

 

6 octobre 2015

Le feu et la glace, conte moderne sans moralité ou presque

 J’ai la chance inouïe de travailler (quelques heures par semaine) avec des femmes de toutes les origines possibles.

Ces femmes assistent à mon cours afin de perfectionner leur français.  Elles sont de milieux sociaux, mais aussi de religions et de cultures différentes.  Mais ce sont toutes, sans exception des femmes de caractère, à la personnalité bien affirmée… Parfois on assiste à de belles choses, de beaux échanges. 

Parfois, on assiste aussi, comme ce matin à un début de pugilat pour des idioties.

Pas toujours évident de garder l’église, la mosquée, la synagogue et le temple au milieu du village .. il y aura forcément toujours de la frustration.

 

Elle est septuagénaire.  A vécu des choses terriblement difficiles.  Vit en Belgique depuis plus de 10 ans.  Elle a la rudesse des gens de la terre.  Elle a dans les yeux la petite étincelle de larmes souvent, trop souvent retenues.  Dans sa tête, c’est ordre, discipline, respect.  Elle vient du froid et d’un pays où « on est élevés comme ça »

 

femme froide   femme chaude

 

Elle est à peine trentenaire, a l’œil et le cheveu noir .  Elle vient de trouver un travail.  Elle aime rire.  Elle a l’accent chantant.  Elle vient du chaud et d’un pays où les étreintes, l’amour ça se dit, ça se rit, ça se chante.  Elle est aussi un peu distraite.

Elle a oublié son cours, elle est arrivée en retard (elle a travaillé tard hier). 

Comme je l’ai annoncé en début d’année, je n’interromps pas mon cours pour les retardataires avec ou sans motif… Mon cours  commence à 9 h.  C’est la seule règle à laquelle je ne dérogerai pas. 

D’expérience, la tolérance à ce niveau n’entraîne que de la fatigue, de l’énervement, et des problèmes aussi bien pour eux que pour moi.

Je continue donc mon cours  et je vois la belle trentenaire, qui a bien intégré la règle,  parler tout bas avec ses amies de même culture,  … je comprends qu’ elle leur demande de pouvoir s’installer près d’elle pour  faire les exercices.

Pour cela elle doit demander  à la fringante septuagénaire de reculer d’une place… Elle le demande poliment, posément… et là c’est le drame.

J’entends fuser les mots « respect, ordre, place »…. Je m’interromps, et demande ce qu’il se  passe.

Il se passe tout simplement qu’ « il est HORS DE QUESTION qu’  « on » dérange le cours, moi j’arrive à l’heure par respect du professeur… j’ai MA place et je n’en change pas…. »

La jeune trentenaire a un sourire gêné… et tente tant bien que mal de se faire une petite place…

Je demande alors un peu de « souplesse », et explique qu’il n’y a rien de grave qui mérite de faire un scandale ou la Une du journal de l’association…

Les choses se calment… jusqu’au moment où une jeune encore plus jeune que trentenaire clame haut et fort « moi je préfère fermer ma bouche sinon ça va mal se terminer »…

Je demande un retour au calme… et ne le voyant pas revenir, je continue mon cours en parlant un ton plus haut (déjà que je brais comme un âne en temps normal, là, c’est carrément les sirènes du port d’Alexandrie qui chantent encore la même mélodie)… Woh wooo

 en pensant... "si ça continue à partir en vrille, tu les fais sortir et tu vas faire une médiation sur le palier"....

Mais les choses se sont remises en place… j'ai fait comme si je ne voyais pas les visages fermés, j'ai continué à enseigner, à tenter des traits d'humour, et l'heure de la pause a sonné...

Heureusement, à l'étage en dessous, pendant le break,  un jeune quadragénaire qui vient d’un pays où on s’entretue et se déchire, où on torture les femmes et où on tue les enfants,  fête son anniversaire et nous offre des danses de son pays, avec un gâteau de chez nous (Y a pas d’Alco-hol  dedans hein Madame Muriel ?)…

Tout ça pour dire ma grande admiration à ces enseignants confrontés au quotidien à des situations conflictuelles avec des ados…

Ce petit épisode très court et très bref a été d’une violence (verbale) incroyable… et m'a un peu perturbée... Bon, il faut dire que sur une échelle de dix, ma fatigue était bien à 328 ce matin, avant même de commencer...

 

 

24 septembre 2015

Cher Toikibosses Me voici donc convoquée auprès

Cher Toikibosses

 Me voici donc convoquée  auprès de mon « organisme de paiement » (toi t’as un patron, moi j’ai un organisme de paiement) afin de prouver que je suis une bonne demandeuse d’emploi dont la principale activité est , bien deviné… « demander de l’emploi »

Et pour ce faire, des fois que je serais un peu con et que je n’aurais pas su adapter mon cv ou ma lettre de motivation, que je ne saurais pas où je dois trouver des offres d’emploi,  (parce que peut-être pensent-ils que je ne connais que Facebook sur l’Internet), que je ne saurais pas envoyer une candidature par mail, on va me donner des conseils.

J’ai donc rendez vous, au centre ville, à 15 heures, ce mercredi.

Nous sommes 300 à attendre que les 300 autres personnes sortent de la salle.

En grandes lettres, avec en plus l’image d’un gsm barré, on te demande d’éteindre ton portable…le mec à côté de moi a donc laissé sonner son portable pendant 15 longues sonneries avant de le sortir de sa poche pour l’éteindre nonchalamment et nous faire aussi profiter de sa sonnerie STRIDENTE indiquant un appel manqué pendant trente longues secondes.  Suivi de près par une dame qui avait la Lambada comme sonnerie.  Ca ne m’a pourtant pas donné envie de danser sur ma chaise.

La séance commence, …. Le gars est sympa, même s’il nous matraque de «les  acquis sociaux » ça n’existe pas, rien n’est jamais acquis….il n’y a que des combats sociaux.  Il n’a pas tort, mais en grande pédagogue de supermarché que je suis, je n’aurais pas commencé par m’adresser comme ça à des gens qui sont là, inquiets de savoir s’ils vont ou non pouvoir conserver leur droit aux allocations de chômage….

Bref.

On nous re re re re redit qu’il faut bien garder toutes les traces des offres qu’on envoie, qu’il faut les classer par date et des fois qu’on n’aurait pas bien compris on nous le re re re re dit encore une dizaine de fois.

Et là on nous explique…Comment ça va se passer…. Ce qu’il peut arriver si on n’a pas bien suivi tout ce qu’on vient de nous re re re redire… jusque là rien «  d’illogique », si ce n’est que NON DU TRAVAIL IL N Y EN A PAS POUR TOUT LE MONDE IL FAUT VRAIMENT ARRETER DE CROIRE CE QU ON ESSAYE DE VOUS FAIRE CROIRE …

La sanction extrême étant évidemment l’exclusion.  Et là on insiste bien sur le fait que NON LES CPAS N ACCEPTENT PAS TOUTES LES DEMANDES … Ils sont obligés d’INTRODUIRE toutes les demandes, mais pas de les accepter.


C’est ainsi, dans mon pays,  (désolée je prends mon cas, c’est celui que je connais le mieux) qu’en vivant seule avec ta fille adolescente de 15 ans, après avoir bossé pendant 29 ans, tu peux te retrouver à la rue (tu sais, les SDF dont certains ont tant parlé ces dernières semaines), sans le moindre revenu.

travail chomage cpas

Tout ça, sous l’œil INDIFFERENT de ton voisin, de celui qui bosse sans se rendre compte que demain ce sera son tour.

Ca me donne juste envie de partir loin.  De pleurer longtemps.  De bouffer des somnifères pour être sûre de dormir et de ne plus y penser.  

Bien sûr, on te dit que tu peux récupérer tes droits… comment ? C’est d’une simplicité incroyable : EN TRAVAILLANT.

Combien de temps ?

Si tu as moins de 25 ans, un an.
Si tu as plus de 25 ans, 18 mois.

Si tu as plus de 50 ans ………………24 mois.

Toute la salle a rigolé.  Moi pas.  J’avais juste envie de chialer.  Y a rien de drôle parce que c’est illogique, inhumain, incroyablement injuste.

Marche.  Ou crève.

Et merci d’éviter les amalgames, les étrangers ou les réfugiés ne sont pas responsables.  Les responsables c’est NOUS.  Qui continuons à faire les moutons (ça tombe plutôt bien en ce jour de la fête du mouton….. sauf que nous risquons fort de finir comme eux).

Surtout ne me dites pas "courage" (j'en ai, merci) encore moins "tu vas trouver" (vous n'en savez rien) non, surtout, ne me dites pas ça.  Parce que je pourrais bondir et vous griffer au visage.  Même si je vous aime bien quand même.

 

29 août 2015

Holi Birthday to ma fille.

Mon bébé a 15 ans aujourd'hui.  

Elle va pour la première fois à une Garden Edition Holi Colors.  Sans surveillance moi.

 

holi

Alors ça y va, ça se bouscule dans les neurones.... (les deux désséchés qu'il me reste et qui fonctionnent une fois sur dix)

 

Moi à moi, et réciproquement : "Holi colors, le principe c'est qu'on jette de la poudre COLOREE de la poudre COLOREE, de la couleur quoi... ne cale pas sur le mot poudre steplé..."

Mes2Neurones : "Qui dit Garden, dit DJ, dit Techno, dit Ecstasy et tutti quanti."

Moi : "Mais arrêtez donc vous deux.  J'ai confiance en elle.  Elle a peur de moi est responsable, pour son âge.  Je lui ai répété mille fois " Pas d'alcool.  On sait pas ce qu'y z'y mettent dedans.  Garde TOUJOURS ton verre à la main.  TOUJOURS. N'accepte pas de boire dans un autre verre, même celui d'une amie.  Y z'y foutent de la drogue, on t'embarque, on te viole, et moi je meurs de chagrin et je dois revendre ton chien et tes fringues et je vais tellement pleurer que la mer du Nord aurait l'air d'une rivière." 
(je crois que j'exagère à peine....)

Mes2Neurones : "Et toi, ado, tu écoutais les conseils qu'on te donnait ?"

Moi : "On ne m'en donnait pas..."

Mes2Neurones : "Ok, enfin nous on pense que tu ne les entendais pas....alors, en sortie tu te comportais comment ?"

Moi : "On était en 1979.  Il n'y avait pas de techno.  Pas d'ecstasy.  Pas de Mes2Neurones pour faire ch..."

 

hair

Mes2Neurones : "Arrête.  Vous aviez le rock psychédélique et LSD... Si je te dis  "Shit", "Whisky", "mélange", "malade comme un chien trois jours"... tu me réponds ?"

Moi : "J'avais 18 ans et je fêtais ça.  Je n'avais pas 15 ans.  Je n'étais pas belle comme le soleil.  Je n'étais pas naïve.  Vous m'emmerdez."

Mes2Neurones : " Essaye de te souvenir de ta jeunesse.  De la liberté que tu avais... De ce que tu en as fait.  De ce que tu es devenue..."

Moi : " .............Vous croyez que je peux lui envoyer un sms ?"


 

 

 

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