Il allait avoir 18 ans ...

-        T'aimerais quoi comme cadeau pour tes 18 ans ?

-        Une fête

-        Mais z'encore ?

-        Une fête que tu organises, comme ça je dois pas m'en occuper.

Ben ouais, mais, ça, vu que je te connais comme si je t'avais fait, c'était déjà prévu… mais j'en parlerai pas ici, au cas où tu aurais l'idée de venir voir…

Une voiture ?  Ton permis de conduire ? Un an d'assurance et de carburant ? Une Rollex ?

Eh non, j'déconne, suis au chômdu moi hein…

Bon ben puisq'il veut une fête, il aura une fête … un truc énorme. Qu'il n'oubliera jamais. 

Mes 18 ans, c'est l'appui de fenêtre de ma chambre qui s'en souvient.  Trop de liqueur de fraises des bois ce jour là. 

Deux amis, ma marraine (qui à l'époque avait encore toutes ses cartes dans le même paquet), mon père et le bazar qui lui servait de femme (pas ma mouman hein, ma mouman elle est belle dedans, elle est belle dehors).

Une maison que je détestais, un papier peint gravé dans ma mémoire dix-huitancienne, parce que j'essayais de fixer une fleur mauve sur fond vert (et on s'étonnera que j'ai passé la nuit à gerber) pour ne plus en voir deux vertes sur fond mauve.

Mon père qui m'annonce que je peux partir en vacances malgré mon bulletin scolaire désastreux … mon cri de joie … le coup au cœur  quand il me dit « Mais pas avec tes amis en Italie, tu iras en Espagne avec ta marraine »… les larmes que je ravale, les fraises des bois que je m'enfile plus vite, la haine que je retiens mais qui perce dans mes yeux quand je vois le sourire vainqueur de l'horreur ambulante qui me sert de belle mère …

Ma marraine qui me fait un clin d'œil  humide, mon cœur qui se serre parce qu'elle me comprend, … mon sourire rien que pour elle, avec plein de tristesse aux commissures.

L'ami qui tient plus debout et qui chante en espagnol… mon regard qui le tue.  Il se tait.  Je chante en italien. Et j'aperçois déjà les vacances les plus tristes de ma vie, loin de mon  n'amoureux de l'époque, des mes amis-famille-d-accueil, eux plongeant dans les fontaines italiennes, et moi, pleurant sur le sable hispanique… et l'avenir confirmera ma vision.

Je venais d'avoir 18 ans, et mon père a cru me faire un cadeau inoubliable.  Il ne s'est pas trompé.

Mais depuis longtemps, je lui ai pardonné …

Parce que le 8 juin 1964 il m'a donné la vie, en cadeau.

Comments

[RIQUET]

j,ai lu ton blogmail concernant tes 18 ans...je me rappelle que tu as dit pour tes 18 ans,je peux aller voir les films interdit aux moins de 18 ans,et tu avais parle d,un justicier dans la ville numero 2 avec charles bronson,qui passait a l,epoque au concorde,en 1982.quand au papa,le bazar qui lui servait de femme...ah oui,la grosse ghislaine...quand je pense que son fils,devenu handicape,didier,habite a comblain,passione autrefois d,avion,c,est les voitures,maintenant...NENNI HEIN c,est pas le meme ! il s,appelle didier aussi mais il y a plus d,un ane qui s,appelle martin

[L'Amèredefamille]

Pepto il dit peu (et il écrit trop peuuuuuuuuuu) mais il le dit tellement bien qu'on lui pardonne (un peu comme quand il écrit tellement peu mais tellement bien.. )

[Pepto]

C'est le chaffeur de taxi qui s'en souviens. Moi, rien. Des bribes enfouies dans le roulis des souvenirs qui sont probablement encore ivres....

[L'Amèredefamille]

Merci pour ce commentaire-cadeau Alézia ...
à la lecture de mon dernier post, on pourra lire presque entre les lignes, que jusqu'il y a peu, je n'ai pas non plus connu la vie de famille ...

en tous cas pas comme dans les livres

Mais tout arrive.

[Alezia]

Bonjour L'amère de famille,
juste un petit mot qui n'a pas grand chose à voir avec le post en question, mais pour te dire que j'aime beaucoup ton site que j'ai découvert il y a peu. J'ai quasiment tout lu, et je trouve ton écriture très drôle et attrayante. J'ai beaucoup ri à la lecture de tes mots d'enfants... C'est très mignon, et ce que j'aime par dessus tout dans ton site, c'est le bonheur familial qui semble se dégager, on ressent tout ton amour maternel à travers tes mots. Et moi qui n'ait malheureusement pas connu de vie de famille, cela me touche encore plus. Voilà je tenais à te le dire...
Bonne continuation ! Je repasserai sans nul doute.
Alezia